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Les grands personnages : La conversion d’Augustin

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C'est en 386, âgé de 32 ans et après nombre de péripéties spirituelles et d'événements préparateurs qu'intervient la profonde conversion d'Augustin. Il s'agit d'une véritable conversion au sens chrétien du terme, la conversion au Christ ; reposant sur la découverte et la certitude de l'existence de la grâce pour tous les hommes, grâce accessible par la seule foi en Jésus-Christ

 C'est dans un jardin milanais, en présence de l'un de ses élèves à qui il partage le déchirement intérieur qui est la sien dans son combat contre les obsessions charnelles. Voici le récit qu'en fait Augustin dans ses " Confessions " (VIII, 8 à 12).

 

Le récit de sa conversion par Augustin

Personnages de l'Eglise : AugustinNotre logis avait un petit jardin (...). Je m'y retirai. Alypius me suivait pas à pas (...). Nous nous assîmes le plus loin possible de la maison. J'étais tout frémissant, l'esprit bouleversé par une extrême indignation : cette vague d'indignation venait de ce que je ne me rendais pas à l'alliance que tu voulais me voir décider avec toi, Ô mon Dieu (...).

Pris dans le remous de mes hésitations, j'en vins à faire toutes sortes de contorsions (...) Je m'arrachai les cheveux, me frappai le front et dans mes doigts crispés enfermai mes genoux (...).

Ainsi, j'étais malade et j'étais à la torture, m'accusant moi-même avec plus d'aigreur que jamais, me tournant et me retournant dans mes chaînes, attendant de les voir se rompre définitivement. Elles ne me retenaient plus qu'à peine, mais elles me retenaient pourtant (...).

Au-dedans de moi, je me disais en effet : Voici le moment d'en finir, le moment de dire oui. Et, en même temps que je formulais la chose, j'allais vers la décision. Déjà, j'étais au bord de l'acte, mais l'acte ne venait pas.
Je ne retombais pourtant pas dans les abîmes passés : restant sur le bord, j'étais là immobile et reprenais haleine. Et, à nouveau, je faisais une tentative et il s'en fallait de presque rien, de rien. Je touchais au but, je le tenais.
Mais non, je n'y étais point, je n'y touchais point, hésitant à mourir à la mort, à vivre à la vie (...). Plus l'instant approchait, plus il me frappait d'épouvante.

Non, il ne me faisait pas reculer, il ne me faisait pas faire un détour, mais il me laissait en suspens. Tel était mon état et Alypius s'en aperçut : car, à ce que je pense,je ne sais quelle parole avait dû m'échapper où transparaissait un ton de voix déjà gros de larmes : et c'est alors que je m'étais levé.

Alypius, lui, demeura à la place où nous étions assis : il était au comble de la stupeur. Pour moi, j'allai m'étendre, je ne sais trop comment, sous un figuier, et je donnai libre cours à mes larmes [...]. Et, si c'est longuement et non pas en ces termes, c'est du moins en ce sens que je parlai:
" Et toi, Seigneur,jusques à quand ( Psaume 6, 4) ? Jusques à quand, Seigneur, seras-tu irrité? Jusqu'à la fin? (Psaume 78, 5). Ne garde pas le souvenir de nos iniquités (Psaume 78, 8). "
Car je sentais qu'elle me retenait encore. Et je poussais des cris appelant la pitié : "Encore combien de temps? Combien de temps? Sera-ce demain et encore demain? Pourquoi pas tout de suite? Pourquoi ne pas finir sur l'heure avec ma honte? "

Voilà ce que je disais. Et je pleurais dans l'extrême amertume de mon coeur broyé. Et voici que j'entends une voix venue de la maison voisine. Sur un air de chanson, cela disait et maintes fois répétait, à la façon d'un garçon ou d'une fille, mais sans que je puisse le dire au juste :
" Prends et lis. Prends et lis." Et aussitôt, changeant d'allure, je me mis à concentrer mon attention pour essayer de me rappeler si semblable refrain était en usage dans quelque jeu d'enfant. Il ne me revenait aucunement d'avoir en quelque endroit entendu rien de tel.
Réprimant la violence de mes larmes, je me levai. La seule interprétation que j'entrevoyais à cet ordre divin, c'est qu'il m'était enjoint d'ouvrir le livre et de lire le premier chapitre sur lequel je tomberais.

Je venais d'apprendre qu'Antoine, survenant un jour pendant la lecture de l'Évangile, avait pris comme une admonestation à lui personnellement adressée la parole de la lecture :" Va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Viens, suis-moi", et qu'à l'instant même un tel oracle l'avait converti à Toi.Je me hâtai donc de revenir à l'endroit où Alypius était resté assis, car, lorsque je m'étais levé, j'y avais laissé le livre de l'Apôtre. Je saisis le livre, l'ouvris et lus tout bas le premier chapitre sur lequel mes yeux vinrent à tomber:

" Gardez-vous de festoyer et de boire. Gardez-vous des coucheries et des débauches. Gardez-vous des querelles et des jalousies. Revêtez-vous de notre Seigneur Jésus-Christ et ne vous faites pas pourvoyeur de la chair dans ses convoitises (Rom., XIII,13)."

Je ne voulus pas en lire davantage, je n'en avais plus besoin. Ce verset à peine achevé, il se répandit dans mon coeur comme une lumière apaisante. Et toutes les ténèbres de mon doute se dissipèrent (...)."

Lire également : la vie d'Augustin.

 

 

Phil
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