Un homme pieux s’en allait mourir, lorsqu’il vit son voisin Jean entrer dans sa chambre d’un air triste et humilié et lui dire :
- Je viens d’apprendre à l’instant que tu es bien mal et je ne puis pas te laisser partir ainsi. Il y a quelque chose qui me tourmente ; tu sais ce que c’est : je me suis toujours laissé aller à dire des méchancetés contre toi. Je ne le faisais pas dans une mauvaise intention, mais j’y prenais un malin plaisir, parce que tu étais chrétien ; je sais que tu en as souffert et que même cela t’a fait du tort. Maintenant je le regrette de tout mon cœur. Peux-tu me le pardonner ?
Le malade écouta avec émotion et répondit :
- Oui, Jean, je te pardonne volontiers. Il est vrai que bien des fois tu m’as profondément blessé et que tu m’as fait manquer de travail ; mais c’est passé maintenant. Je suis heureux que tu aies reconnu ton tort et, encore une fois, tout est pardonné. J’ai cependant encore un désir à t’exprimer.
- Lequel? dit Jean, je suis prêt à tout!
- Eh bien! je désire que tu prennes mon oreiller de plume et que tu ailles le vider du haut du clocher de l’église.
Les assistants se regardèrent avec étonnement, et la femme du mourant lui demanda si c’était bien cela qu’il voulait dire. Il fit un signe de tête si sérieux qu’il n’y avait pas à s’y méprendre. Aussi Jean alla s’acquitter de sa singulière commission; il monta sur le clocher du village, secoua soigneusement l’oreiller et vit les innombrables petites plumes emportées par le vent se répandre de tous côtés. Puis il rapporta le sac vide au moribond.
- Bien! lui dit celui-ci ; maintenant, encore quelque chose et je serai content! Prends cette taie et va ramasser toutes les plumes qui y étaient jusqu’ à ce qu’elle soit remplie.
Jean regarda le mourant d’un air interrogateur. Mais. au bout d’un instant, il comprit et baissa les veux. Puis, tristement, il regarda de nouveau son ami, qui lui dit encore :
- Tu vois, Jean; c’est la même chose avec la médisance: les paroles sont vite prononcées et elles se répandent au loin. Et puis, quand on veut réparer le mal qu’on a fait, ce n’est plus possible, c’est trop tard! Je pars sans aucune amertume contre toi, puisque tu regrettes de t’être ainsi laissé aller, mais le tort que tu m’as fait n’est plus réparable.
Que Dieu te garde à l’avenir! Et maintenant adieu !
Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote. De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voici, comme un petit feu peut embraser une grande forêt! La langue aussi est un feu; c'est le monde de l'iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toutes les espèces de bêtes et d'oiseaux, de reptiles et d'animaux marins, sont domptés et ont été domptés par la nature humaine; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter; c'est un mal qu'on ne peut réprimer; elle est pleine d'un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l'image de Dieu.
Jacques 3:4-9
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