William Booth fut le fondateur de l’Armée du Salut. Il passe son adolescence dans un quartier pauvre de la ville industrielle de Nottingham. Employé d’un prêteur sur gages dès l’âge de quatorze ans, il trouve dans son métier de nouvelles occasions de contact avec les plus défavorisés. Anglican par sa famille et sa première éducation religieuse, il se rattache à l’Église méthodiste à l’âge de treize ans.
Du méthodisme à la mission sociale
Quelques années plus tard, il devient prédicateur laïc, après avoir passagèrement subi l’influence du chartisme. Devenu pasteur par la suite, il commence à prêcher des campagnes de réveil. Mais, en 1861, il lui faut quitter cette organisation, qui n’accepte pas l’idée qu’il se fait d’un ministère itinérant auprès des classes les moins favorisées. Elle accepte encore moins que Mrs. Booth prêche tout comme son mari, et avec autant de succès.
La rupture avec le méthodisme officiel conduit le ménage Booth à une activité indépendante, bientôt fixée dans le quartier ouvrier et pauvre de l’East End londonien. Cette mission sous la tente, difficile mais menée selon les meilleures traditions méthodistes primitives (chant, appels à la conversion, témoignages), connait un succès rapide. La question se pose alors de rassembler les convertis et de les organiser pour que, par eux, l’évangélisation puisse continuer.
De cette idée et de cette nécessité naît, en 1865, la Mission chrétienne de l’Est de Londres, sur le modèle des dénominations méthodistes déjà existantes. Mais cette organisation, qui suppose un certain sens des responsabilités collectives, une habitude de l’administration, en un mot un certain degré de respectabilité sociale, se révèle rapidement décevante et trop lourde à manier, dans une situation qui exige des initiatives et des décisions rapides et osées. En 1878, la Mission est transformée en Armée du salut. William Booth en devient le général.
Sous son commandement, les évangélistes et les convertis sont organisés de façon paramilitaire, selon la hiérarchie de l’armée anglaise. Il s’agit de gagner le monde à Jésus-Christ en faisant la « guerre » au péché. Les convertis qui le désirent deviennent des « soldats », assurant un service non rétribué à temps partiel, après leurs heures de travail. La possibilité leur est offerte, selon leurs aptitudes, de devenir « officiers », c’est-à-dire « ministres » à temps complet et rétribués, après deux années d’« école de guerre », c’est-à-dire de formation théorique et pratique.
Hommes et femmes ont accès à toutes les responsabilités, y compris la prédication. Ce dernier trait attire de nombreux quolibets et des oppositions à l’œuvre de Booth, comme la prédication sur les places, dans les rues, etc., lui en avait déjà créés. Géographiquement, l’Armée est organisée en postes, formés en divisions, puis en territoires ; le grand quartier général de Londres couronne le tout, avec le général à sa tête. L’organisation rationnelle et centralisée de l’œuvre ne laisse rien à envier à celle d’une armée véritable. En particulier, une discipline constante et sévère y est exercée.
L'Armée du Salut
Les croyances de l’Armée du salut sont celles du méthodisme, avec une insistance particulière sur la sanctification comme expérience subjective distincte de la conversion. Dans l’ensemble, la position salutiste en théologie peut être qualifiée de traditionaliste sinon de fondamentaliste. Mais, dans l’Armée, l’accent est mis beaucoup plus sur la pratique de la vie chrétienne que sur l’expression intellectuelle de la foi. Pour comprendre ce fait, il faut se rappeler que Wiiliam Booth a visé à discipliner des convertis au passé chargé, pour lesquels les subtilités de la pensée comptaient moins qu’un règlement de vie. Il est donc difficile de se faire une idée des positions salutistes en certains domaines, spécialement dans celui de l’ecclésiologie et des sacrements. Elle ne célèbre aucun sacrement (baptême ou cène) et laisse ses membres libres sur ce point.
L’Armée se considère, d’abord, comme un mouvement d’évangélisation. Son travail est axé sur la proclamation de l’Évangile. Ses membres sont appelés, au-delà de l’expérience de la conversion comprise à la manière méthodiste, à celle de la sanctification selon la même tradition.
À la date du centenaire, en 1965, de la Mission chrétienne, l’Armée était établie dans 70 pays, possédait 16 767 postes ou avant-postes. En 1995, l’Armée du salut est présente dans 104 pays. Elle a débuté son action en France en 1881 où elle possède 37 institutions (foyers, refuges, colonies de vacances, etc.). Elle est présente sur trois terrains : prévention, urgence, insertion ; elle couvre les différents secteurs sociaux : enfance inadaptée, personnes âgées, insertion sociale et exclusion. Elle dispose d’un journal, En avant , publié par le quartier général.
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