Ce texte du Patriarche Athénagoras nous livre le secret de son bonheur et de son rayonnement, puisé dans la rencontre intime avec le Seigneur.
Laissez-moi employer le vocabulaire de la guerre. J’aime ce vocabulaire : je fais la guerre, j’attaque, c’est ainsi que j’essaie de vivre. Mais je fais la guerre à moi-même, pour me désarmer.
Pour lutter efficacement contre la guerre, contre le mal, il faut savoir intérioriser la guerre pour vaincre en soi le mal. Il faut mener la guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer.
J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible.
Mais maintenant je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car « l’amour chasse la peur ». Je suis désarmé de la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses.
J’accueille et je partage.
Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé au comparatif. Ce qui est bon, vrai, réel est toujours pour moi le meilleur.
C’est pourquoi je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur. « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? »
Athénagoras, patriarche de Constantinople (1886 - 1972)
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